Notre itinéraire pour se rendre à Mount Isa était assez simple: chauffe 4h vers le sud en ligne droite, tourne à gauche, chauffe vers l'est pendant 4 heures en ligne droite, pour un grand total de 850 km. Mais ce qui rend la chose intéressante, ce n'est pas le trajet, mais plutôt ce qu'on rencontre durant le fameux trajet. Il faut se rappeler que c'est une route à une voie construite en asphalte un peu louche qui traverse un territoire rempli de kangourous et de bétail. Honnêtement je ne voudrais pas être celui qui doit se taper cette route là durant la nuit, c'est une mort presque assurée. Les vaches aiment la chaleur de l'asphalte, donc elles se couchent dans la rue. Et quand je dis vache, ce n'est pas juste une au 20 km, mais plus une au pieds carré. Sérieux j'ai pris un vidéo d'un endroit où on doit traverser un pont, et si y'en a pas 100 y'en à pas une. Mais puisqu'elles ne sont pas vites, on peut les éviter assez facilement, le problème est plus lorsqu'elles sortent de nulle part. Je ne sais pas combien ça pèse mais ça doit maganer une van pas à peu près. On croise moins de kangourous, mais ils sont cent fois plus imprévisible puisqu'ils sortent de la savane sans prévenir. Mais bon pour l'instant on a rien frappé donc on reste prudent, tout est sous contrôle.
À date, les plus beaux paysages que j'ai vu étaient entre le Heartbreak et le Barkly highway. On a vu vraiment plusieurs environnements différents, parfois des arbres, d'autres fois le désert à perte de vue, il fait vraiment le voir pour comprendre à quel point c'est beau. On s'est arrêté un moment donné à un endroit où on voit un champ à perte de vue de tous les côtés, on aurait dit une pochette de disque. Aucun bruit, au milieu de nulle part. Quelque chose me dit que je ne suis pas prêt d'oublier de si tôt. Disons que c'est le genre d'endroit où tu ne veux pas pogner un flat ou encore manquer de gaz parce que l'endroit devient subitement moins magique. Anyway ça ma inspiré et donné envie de pisser en même temps, Eve n'était pas trop impressionnée.
Une choses qu'il ne faut jamais oublier, c'est de mettre de l'essence quand on en voit. Par exemple, on full au mythique Heartbreak Motel, la prochaine station service est à 350km. On continue vers Mount Isa, pas de gaz avant 275km. Et bien entendu le prix est exorbitant. Normalement, en moyenne le prix est 1.55$ le litre. Dans le Outback, on a vu entre 1.65$ et 2.40$, le plus cher au Heartbreak Hotel puisqu'il est le seul a 350km à la ronde. Considérant qu'on fait 500km avec un plein de 65L, ben on passe pas mal notre temps à payer du gaz.
Mount Isa est une plus grosse ville que je pensais. Je m'attendais à un espèce de Normandin, mais c'est environ deux fois plus gros que ça. C'est une ville dont l'industrie principale est une mine, et d'où proviennent quelques personnalités connues comme Greg Norman et Patrick Rafter. Nous sommes allé manger notre premier repas qui a de l'allure du voyage, soit un filet mignon à l'hôtel Isa. Ève y était déjà allé donc on savait que ce serait bon, et c'était bien le cas. Un filet comme j'en ai rarement mangé, bien épais, full saignant, débile. Après souper on retourne à notre spot de caravan, spot qui n'est pas très hot. On est cordé les uns sur les autres, et la gang de "old mates" à côté de nous autres écoutent la télé. En fait ils la regardaient plus que d'autres chose, parce que si je me fie au fait que le son était dans le fond, ben ils ne l'entendaient clairement pas. Je suis donc allé pisser et en revenant, j'ai jeté un œil dans leur van, question qu'ils sachent qu'il y a d'autre monde sur la planète. Apparent qu'ils m'ont demandé si le son était trop fort, mais j'ai pas entendu. Ève oui. Donc ils ont baissé le son un peu et je me suis endormi, mais pas Eve. Et apparemment qu'ils ont reparti la télé par la suite, ce qui a fait chier ma blonde un peu. Moi je dormais donc je n'ai pas pu aller me battre avec eux.
Le lendemain matin, départ vers le nord pour Normanton. Le paysage est très différent de ce qu'on a vu à date, beaucoup plus de montagnes et d'arbres, mais ça dépends vraiment de l'endroit. On croise encore de longues sections plus désertiques et beaucoup plus venteuses, on a même droit à quelques mini-tornades qui peuvent bouger la van de 2 pieds en une fraction de seconde, donc il fallait rester vigilant. C'est probablement le meilleur qualificatif pour la conduite ici, il y a tellement de facteurs à prendre en compte qu'on doit être très éveillé: le vent, les vaches, kangourous, la route de marde, les Zabos... Ouin je n'ai pas encore parlé des aborigènes, que moi et Ève appelont "les Zabos", comme dans la phrase:"fais attention en tournant le coin de rue, y'a des Zabos qui boivent de la bière dans la rue". Parce que c'est pas mal juste ça qu'ils font les Zabos, boire de la bière, et vraiment n'importe où. Ils ont une philosophie assez weird que la terre leur appartient donc ils peuvent faire ce qu'ils veulent, ou ils veulent et quand ils veulent. Mais ils ne sont pas méchant les Zabos, ils sont juste un peu weird. Et saouls.
Normanton est une très petite ville remplie de Zabos. Deux attractions: le "purple bar", qui comme son nom l'indique est un bar mauve, et une statue du plus gros crocodile jamais capturé au monde. Si la statue est vraiment à l'échelle, je ne voudrais pas me retrouver face à face avec ça, un vrai monstre. On est allé birder pas trop loin dans un espèce de marais, ou on retrouve à l'entrée "beware of crocodile". Moi mon premier réflexe est de rester pas trop proche du bord de l'eau. Ève à évidemment le réflexe contraire puisque "ben la y'a plein d'oiseaux" donc on doit y aller absolument. Après m'être fait traiter de peureux (tout à fait, y'a une pancarte avec un ti monsieur qui se fait bouffer par un crocodile donc il y a une raison), je décide de suivre Ace Ventura vers le marais full crocodile. Et bien ce fut une expérience très agréable puisque j'ai vu plusieurs oiseaux, des wallabies et pas de crocodile. Mais y'en avait c'est certain bon.
Le soir on est allé manger à la seule place ouverte, le "purple pub". Full Zabos partout, Ève s'est même fait un ami Zabos qui lui a demandé de checker son stock. Son sac de bagage là, pas son entrejambe. On a mangé des crevettes à l'ail, et c'était très bon.
Après une bonne nuit de sommeil, direction Karumba pour une journée de pêche avec Kerry D. On avait réservé pour une demi- journée de pêche de midi à 17h, et on en a eu pour notre argent. On pêche avec deux leurres: un morceau de requin pêché le matin même et un gros morceau de méné. C'est une grande baie avec un fond de sable, et on pêche dans environ 6 à 10 pieds d'eau. J'ai attrappé le premier poisson de la gang, un poisson-chat. Ça le poisson chat, c'est une grosse estie de barbotte grise avec 3 gros pic: un sur le dos, et un de chaques côtés. Le problème est qu'il y a un poison sur les pics, et si on se fait piquer et bien ça fait mal pendant 24 à 36 heures. Donc on a pas le droit de le rentrer dans le bateau, tout comme le requin. Anyway, apres1h de pêche tout le monde a attrapé quelque chose, sauf une personne: Ève. Donc avec raison elle décide de changer de spot et d'aller dans la pince du bateau. Quelqu'un décide de prendre son spot, et devinez quoi? Ben oui, un cast, une prise. Je tiens ça mort pour pas retourner le fer dans la plaie, et 2 minutes plus tard je me retourne et voit qu'elle à attrappé le premier "keeper" (poisson qu'on peut garder, contrairement au cat fish). Cool! Sauf que moi je pogne juste des estie de cat fish. J'ai finalement débloqué et j'ai attrapé un sorte de saumon weird. Je vais retrouver les noms des poissons et vous en faire part un peu plus tard. Donc un super après-midi à la pêche, plusieurs poissons, du beau temps, merveilleux. On ramène deux prises seulement puisqu'on n'a pas la place pour en garder plus que ça. Et la on se rends compte qu'on est un peu cave parce qu'on n'a pas de papier d'aluminium, pas d'épices, pas fuck all pour faire cuire le poisson, et le seul couteau que j'ai pour arranger le poisson est un couteau à patate. En plus, le bbq du camping est une espèce de plaque en stainless chauffée au propane. Misère! Finalement j'ai sacré pas mal en arrangeant le poisson et on a réussi à emprunter un peu de papier aluminium, mais pas assez pour fermer la papillote. Donc j'ai pris une chaudronne pis je l'ai mis par dessus le poisson pour faire un top de papillote. Et c'est la que Ève est arrivée en courant du dépanneur avec du beurre, un mini-cup de sel et poivre et un rouleau de papier aluminium. Donc j'ai pu terminer la cuisson de façon un peu plus adéquate. On s'est assis et on a mangé nos prises. Oui j'ai bien dit ON, parce que madame qui n'aime pas le poisson en a mangé. Pas gros mais juste assez pour que ce soit digne de mention. Je dois avouer que ce n'est pas le meilleur poisson que j'ai mangé dans ma vie, mais c'est très probablement dù au manque d'outils et d'épices convenable.
Après souper, on se rends compte que notre pneu arrière droit est mou. Après vérification, je trouve un clou planté dans le milieu du pneu: bordel! On doit partir le lendemain pas trop tard pour Undara, donc ça fuck le plan un peu mettons. On décide de laisser le pneu tel quel pour la nuit et de voir ce qu'on peut faire le lendemain. En se réveillant, on voit que le pneu ne s'est pas dégonflé donc au moins on peut rouler tranquillement pas vite dessus. Ève va voir la p'tite madame au bureau pour voir si quelqu'un répare les pneus le dimanche. Miracle, il y a un garage ouvert au coin de la rue! Donc on se rend, et la fille à la caisse nous annonce que le mécano est revenu de Cairns pendant la nuit (800 km) et qu'il dort. On lui explique notre problème et elle décide d'aller le réveiller. À son retour, on apprends qu'il peut seulement dans 30 minutes, donc on accepte d'attendre. Le gars finit par arriver, répare le pneu et on est parti vers Undara. On a su par la suite que si ce gars-là ne pouvait pas réparer le pneu, et bien personne d'autre ne pouvait nous aider et on aurait dû scrapper une journée ou prendre la chance de rouler sur le spare sans pneu de rechange, donc on a été super chanceux.
La route pour Undara s'est bien passée, on a réussi à se rendre tout juste avant la noirceur donc pas de problème de kangourou. On avait pas réservé de tour guidé donc on s'est fait un peu fourré parce que ceux de 8h le matin étaient tous plein. On avait pas vraiment de lousse le lendemain puisqu'on voulait passer par Etty Bay voir un cassowarie, qui est un espèce de grosse autruche avec des griffes. Donc on a opté pour la visite du volcan, qui elle peut se faire sans guide. Le seul petit problème est qu'on doit passer par une route en gravier et on est pas censé avec notre van. Pas grave on décide d'y aller pareil.
Le lendemain matin nous sommes allé dans un espèce de déjeuner organisé ou tu manges dehors dans le bois, assis sur une buche à manger des œufs pis du bacon pas cuit. Parce que le bacon en Australie, c'est un espèce de grosse tranche de gras environ deux fois plus grosse qu'au Quebec, qui se mange mou. Genre cuit à moitié. Genre dégueu. Donc on mange ça et on part vers le volcan. Le chemin de gravelle à environ 8 km, entièrement en planche à laver, pis pas de la p'tite là, de la grosse crisse de planche à laver dur comme de la roche. Donc 30 minutes plus tard on arrive, et quand je tourne la clé pour arrêter la van, la clé casse en deux et je reste avec le boutte de plastique dans les mains. Super. Pas grave, on part quand même faire le tour du volcan, on verra pour la clé en revenant. C'était bien, pas trop long à faire (1h30), et on pouvait marcher dans le trou du cratère avec des wallabies. Après avoir fait le tour, on redescend à l'auto, et j'essaie de partir la van. Elle ne part pas. Je réessaie, rien à faire. C'est toujours dans des cas comme ça, ou tu prends une route de gravelle illégale, que tu reste en rack. On est chanceux, il y a une dizaine de personne sur le site donc ils viennent nous aider à essayer de le partir sur la compression. Rien à faire. Donc on se résigne à appeler la compagnie pour avoir de l'aide. La seule affaire, c'est qui fallait monter en haut du volcan pour avoir du signal... Donc Ève part appeler, moi je fesse un peu partout sur le moteur pour essayer de provoquer quelque chose. Je pense que j'ai même soufflé dessus, comme dans le temps pour les cassettes de Nintendo. Ève revient et me dit que le gars va la rappeler dans 30 minutes. Et c'est là que je vois la p'tite lumière rouge dans le dash en forme de char avec une clé dans le milieu. Ça doit être un anti-démarreur quelconque. Donc je prends les morceaux de clé tout pété que j'ai et j'essaie de les remettre ensemble. Finalement je réussit à lui donner une forme honnête, je met la clé dans l'ignition et... VROUM!!! Oh yeah, on peut repartir et on ne paiera pas la pénalité de 500$ pour "chauffer dans un endroit interdit", que qui est vraiment hot.
Direction Cairns, la grande barrière de corail et ensuite retour à Brisbane. J'arrête pour ce soir.
Peter Chao